SIKA’A EDITO: « Nos magistrats n’ont pas besoin de faire le droit »

AccueilInterview

SIKA’A EDITO: « Nos magistrats n’ont pas besoin de faire le droit »

Plusieurs enquêtes ont révélé que la majorité des Togolais n'ont pas confiance en la justice. Depuis le petit policier jusqu'au juge de la cour suprê

MAGAZINE SIKA’A en mode coronavirus: « Et si nous laissions de côté le « tout politique » pour libérer les institutions de la République ? »
Statut d’ancien président : Pourquoi Kabila fait mieux que Faure
La Loupe du Correcteur /Prorogation du mandat de la Délégation Spéciale Consulaire de la CCIT sur fond de violation des textes : Bitho et Compagnie s’offrent 4 mandats gratuits

Plusieurs enquêtes ont révélé que la majorité des Togolais n’ont pas confiance en la justice. Depuis le petit policier jusqu’au juge de la cour suprême, en passant par les CB de gendarmeries, les citoyens sont convaincus que ces gens en uniformes ne sont pas dignes de foi. Alors qu’ils devraient être les garants de la sécurité, ils sèment plutôt la peur et l’inquiétude chez les pauvres et les faibles. Les forces de sécurité sont juste là pour la sécurité des forts et les forces de l’ordre sont juste là pour défendre l’ordre établi pour les forts.


On a vu dans ce pays, un militaire sortir un fusil d’un pickup de l’armée, tirer sur un enfant avant de repartir tranquillement. Et pourtant, ce fait a été un non-événement pour la justice. Il n’y a eu ni arrestation, ni poursuite
judiciaire, ni rien du tout. Des filles ont été victimes de meurtres rituels dans lesquels des personnalités auraient été impliquées. Ces personnalités ont été blanchies, après des procès qui n’ont convaincu personne. En 2005, des dizaines d’assassinats sont imputés à un ancien major de la gendarmerie. Il n’a jamais comparu quelque part. Mieux, il a été décoré par le chef de l’Etat.


Les exemples sont légion: les assassins de Mohamed le laveur de motos,
ceux du colonel Madjoulba, ceux des morts du couvre-feu covid19, ceux des
nombreuses victimes tuées par balle lors des manifestations etc., n’ont
jamais été iniquités.


Mais au même moment, on voit des gens comme Folly Satchivi aller
facilement faire plusieurs mois en prison pour avoir déclaré que Faure ne
doit en aucun cas faire un 4ème mandat. On voit des Alberto Olympio obligés par la justice à fuir le pays pour avoir osé rêver devenir président. On voit la maison des Agbéyomey défoncée par des chars et les occupants ramassés pour aller comparaître devant le juge. On voit comment des jeunes sont ramassés par dizaines lors des manifestations sociopolitiques et jetés sans pitié en prison…


Ainsi va la justice togolaise, et il n’y a curieusement aucun magistrat capable de crier au scandale. Tous ont prêté serment de dire le droit, mais tous se taisent devant les aberrations.


Les affaires que la presse, avec ses maigres moyens, essaie d’éventer, sont
nombreuses. Celle de la route Lomé-Anfoin avec les 26 milliards de francs
volés. Celle de la FTF, 600 millions évaporés. Et d’autres encore!
Maintenant, c’est cette incroyable histoire de 500 milliards qui auraient été
détournés par un père et son fils dans les opérations de commandes de
carburants.


Mais vous verrez que malgré les enquêtes rondement menées par nos
confrères du journal l’Alternative, rien ne se fera. Le procureur n’interpellera personne, ne fera aucune enquête, ne justifiera même pas devant le peuple son inaction. Ainsi va le Togo, un pays où les grands brigands s’empressent d’envoyer les petits délinquants et les innocents au gnouf, puisqu’il faut bien qu’il y ait des gens en prison!


Il semble que pour être magistrat au Togo, point n’est besoin de faire le droit. Il suffit de savoir faire la volonté de la minorité qui affame les autres et crie à tue-tête ses FNFI, ses Novissi et autres projets pour la bande de crève-lafaim que nous sommes.

Sahé Sahéa